SUMMER RESIDENCY 2025: ASOCIATION NOEMI ESPACE BROWNSTONE EN PARÍS
- MARINA H.R
- 21 ago
- 13 Min. de lectura
Actualizado: 23 ago

FRANÇAIS
L’Association Noemi Espace – Brownstone, située dans le quartier central du Marais à Paris, a été mon atelier de création pour réaliser une série de toiles inspirées par trois expositions d’artistes (que j’admire profondément) que j’ai eu le plaisir de visiter durant mon séjour :
1) David Hockney à la Fondation Louis Vuitton.Ce fut pour moi une véritable explosion de couleur et de composition. Sa manière de comprendre le paysage, de le fragmenter, de le saturer, de le déconstruire pour créer d’immenses polyptyques de 14 mètres, ainsi que son travail de scénographie pour l’opéra, présenté dans une installation immersive en mouvement, m’a bouleversée (je ne serai pas celle qui avoue avoir retenu quelques larmes).
Après cette visite, j’ai eu une certitude absolue : je n’aurai plus jamais peur de la couleur. Plus, c’est toujours mieux. Si tu as l’intuition que le tronc de cet arbre doit être fuchsia, alors qu’il en soit ainsi. Sans peur du succès.
2) Niki de Saint Phalle au Grand Palais.Niki représente pour moi la force et la résilience. Comment, d’un ou de plusieurs traumatismes, peuvent éclore des choses magnifiques.
Une femme qui n’a pas étudié l’art et pour qui pourtant l’art a été une thérapie, une échappatoire et un salut. Elle n’a pas eu peur du grand format, de la sculpture monumentale, de la couleur, de la sensualité, de la sexualité.
Ses Nanas sont des muses dansantes qui incarnaient pour elle la fertilité et la liberté et qui l’ont accompagnée tout au long de son chemin comme des guides spirituelles d’une religion intime. Les voir en face m’a amenée à me demander :
Qui sont mes Nanas, à quoi ressemblent-elles, où habitent-elles, quel message veulent-elles me transmettre à moi et au monde ? N’est-ce pas une question que nous devrions tous nous poser à un moment donné de notre vie, que nous soyons artistes ou non ?
3) Monet. D’abord en visitant sa maison dans le village de Giverny. Une très belle excursion où l’on loue un vélo pour rejoindre sa maison à vingt minutes de pédalage et pouvoir se promener dans ses immenses jardins vivants (qui ont plus de cent ans d’histoire), voir ses nénuphars en vrai, traverser le pont qui fut tant de fois protagoniste de ses toiles… Et quelques jours plus tard, découvrir ses deux salles à l’Orangerie, avec huit immenses toiles de plus de quatre mètres représentant les paysages de son jardin et de son étang.
La réflexion avec Monet a été essentielle : poursuivre un rêve dans son expression la plus radicale. Il s’est dit : je veux et je vais habiter mes toiles. Construisant un jardin qui serait le protagoniste et l’inspiration de toutes. Composant lui-même ses couleurs, ses formes, ses dimensions. Ne plus dépendre du hasard du paysage extérieur : être le créateur et le maître absolu du sien.
Wow. Après cette visite, il ne restait plus qu’à pédaler à travers la campagne, la tête dans les nuages.
Je me suis demandée quel paysage j’aimerais construire en tant qu’artiste, quelle serait ma forêt personnelle, ma jungle, mes fleurs, mes arbres… Comme projet immersif vital, j’estime réconfortant d’avoir une forêt façonnée par soi-même, que l’on ressente comme une maison où revenir chaque fois que nécessaire, mais où, parmi la végétation malléable, surgissent des fleurs et des créatures inconnues… Belles et moins belles. N’est-ce pas la vie, n’est-ce pas la définition même du processus créatif ?
De retour à l’atelier, avec ces trois idées en tête – la couleur, les muses et les forêts luxuriantes – j’ai commencé à esquisser des idées et des concepts qui me traversaient l’esprit, jusqu’à tapisser un mur entier à côté de mon bureau. Peu à peu, tout a pris sens, comme un puzzle organique.
À la question « qui sont mes muses, qui sont mes Nanas ? », la réponse n’évoque ni fertilité ni beauté subtile. Pour moi, ce sont des femmes fortes, libres, sans complexes ni tabous. Le corps est un médium, non une fin. Ce sont des créatures hybrides sans visage humain – leur en donner un reviendrait à les définir presque par nom et prénom. Pour moi, elles vont au-delà de l’humain, elles se confondent avec des fleurs ou des animaux. Ce sont des êtres en harmonie avec le sauvage, qui vivent et ressentent intensément.
Et à l’autre question : quelle est ma forêt ? C’est définitivement une jungle chaotique mais équilibrée, où les gammes chromatiques sont vibrantes, lumière pure, couleur brute, mais dialoguent entre elles par la composition, laissant à chaque plante sa présence et sa propre voix.
On y trouve aussi des fruits abondants et des animaux (tous féminins) : oiseaux, serpents, grenouilles, lézardes… qui profitent de la vie dans la jungle sans inquiétudes. Un clin d’œil aux récits classiques du fruit défendu ou du jardin des délices. L’absence de « mâles » dans ce paysage n’est rien d’autre que l’oubli du but reproductif de base, pour vivre ce monde onirique à travers la spiritualité.
Mais pourquoi les talons dans toutes ces figures ? Pourquoi cette fantaisie qui pourrait être le rêve après un dîner copieux chez Almodóvar ? Pour plusieurs raisons. J’aime habiter l’absurde, le comique. Poser des utopies facétieuses. Des femmes nues, aux seins pendants, urinant accroupies mais perchées sur des talons. Comme une forme de féminité imposée, une représentation de l’incohérence et de l’extravagance à son paroxysme.
C’est de là qu’est née, quelques jours plus tard, l’idée du polyptyque Talons dans la jungle, où les muses affrontent la réalité du quotidien : évoluer en talons dans un environnement sauvage et dangereux, créant des situations entre l’insolite et l’hilarant.
Cette aventure a été courte mais intense et inoubliable. Toute la recherche et la production se sont réalisées en seulement vingt jours, donnant naissance à trois œuvres :
La jungle des délices. Une grande toile à l’huile et à l’acrylique (2,15 × 2,73 m) représentant cette forêt colorée habitée par des muses hybrides.
Selvatic Love. Une toile à l’huile et à l’acrylique (1,21 × 1,52 m) représentant l’utopie d’une amitié véritable entre un zèbre et une léopardesse dans la jungle.
Talons dans la jungle. Un polyptyque de huit pièces à l’huile et à l’acrylique où, comme évoqué, les muses affrontent la réalité de la vie quotidienne en talons dans la jungle. Dangereux mais glamour.
Je sens que ce voyage m’a permis de sortir de la zone de confort dans laquelle je travaillais jusque-là, faite de l’espace domestique et construit, pour plonger dans le déguisement, la dérision et la satire dans un cadre plus chaotique et libre, mais offrant de nombreuses possibilités de composition en couleur et en forme, que j’ai énormément appréciées. Et que, bien sûr, je poursuivrai comme nouvelle série. Cette jungle a encore beaucoup de recoins et d’histoires à révéler.
ENGLISH
The Association Noemi – Espace Brownstone, located in the central Marais district of Paris, became my studio during this summer residency, where I created a series of paintings inspired by three exhibitions of artists (whom I deeply admire) that I had the pleasure of visiting during my stay:
1) David Hockney at the Fondation Louis Vuitton.For me, it was a true explosion of color and composition. His way of understanding landscape—fragmenting it, saturating it, deconstructing it to create immense 14-meter polyptychs—as well as his stage designs for opera, presented in a moving immersive installation, was overwhelming (I won’t be the one to admit that I had to hold back a few tears).
After that visit, one thing was clear: I would never again be afraid of color. More is always more. If you feel in your gut that the trunk of that tree should be fuchsia pink—then so be it. No fear of success.
2) Niki de Saint Phalle at the Grand Palais.Niki represents for me strength and resilience. How, from trauma—or many—something wonderful can bloom.
A woman who never formally studied art, yet for whom art became therapy, escape, and salvation. She had no fear of large formats, of monumental sculpture, of color, of sensuality, of sexuality.
Her Nanas are dancing muses, embodying fertility and freedom, who accompanied her almost like spiritual guides of her own personal religion. Seeing them before me made me wonder:
Who are my Nanas, what do they look like, where do they live, what message do they want to send to me and to the world? Isn’t that something we should all ask ourselves at some point in our lives, whether we are artists or not?
3) Monet. First, visiting his house in the village of Giverny. A beautiful excursion where you rent a bicycle and ride twenty minutes to reach his home, stroll through his vast living gardens (more than 100 years old), see his water lilies in person, cross the bridge that so often starred in his canvases… And then, a few days later, standing inside the Musée de l’Orangerie, in front of two rooms with eight immense canvases, each over four meters long, depicting those same gardens and his lake.
The reflection with Monet was vital: pursuing a dream in its purest form. He told himself: I want, and I will, inhabit my canvases. He built a garden that became both the subject and the inspiration of them all. He composed its colors, its shapes, its dimensions himself. No longer depending on the chance of an external landscape—he would be the sole creator and master of his own.
Wow.
After processing that visit, all that was left was to pedal back through the countryside with my head in the clouds.
I began to ask myself what kind of landscape I would want to build as an artist. What would my own forest be—my jungle, my flowers, my trees? As a vital immersive project, I find it comforting to imagine a forest created by oneself, a home to return to whenever needed, but where, among the malleable undergrowth, new flowers and creatures—both kind and menacing—emerge. Isn’t that life itself? Isn’t that the very definition of a creative process?
Back at the studio, with these three ideas in mind—color, muses, and lush forests—I began sketching ideas and concepts that crossed my mind, covering an entire wall beside my desk. Little by little, everything began to make sense, like an organic puzzle.
To the question “who are my muses, who are my Nanas?”, my answer does not include fertility or delicate beauty. For me, they are strong, free women, without shame or taboos. The body is a medium, not an end. They are hybrid creatures, without human faces—giving them one would mean defining them almost with names and surnames. For me, they go beyond the human, overlapping with flowers or animals. They are beings in tune with the wild, who live and feel intensely.
And to the other question: what is my forest? It is definitely a chaotic yet balanced jungle, where chromatic ranges are vibrant—light, pure color—that nonetheless converse with each other through composition, giving each plant its presence and voice.
There are also abundant fruits, and animals (all female): birds, snakes, frogs, lizards… enjoying life in the jungle without concern. A nod to the classical tales of the forbidden fruit or the Garden of Delights. The absence of “males” in this landscape is nothing more than ignoring the basic reproductive purpose, in order to experience this dreamlike world spiritually.
But why the high heels on all of them? Why this fantasy that could be the dream after an overindulgent Almodóvar dinner? For several reasons. I like to inhabit the absurd, the comic. To propose playful utopias. Naked women, breasts sagging, urinating in the open—but on high heels. A sort of imposed femininity, a representation of incoherence and extravagance at its peak.
From this came, a few days later, the idea for the polyptych: Heels in the Jungle. Where the muses confront daily life by being heeled in a wild, dangerous environment, creating situations between the bizarre and the hilarious.
This was a short but intense and unforgettable adventure. All of the research and production was completed in just twenty days, resulting in three works:
The Jungle of Delights. A large oil and acrylic painting on canvas (2.15 × 2.73 m) representing this colorful forest inhabited by hybrid muses.
Selvatic Love. An oil and acrylic on canvas (1.21 × 1.52 m) depicting the utopia of a true friendship between a zebra and a leopardess in the jungle.
Heels in the Jungle. A polyptych of eight oil and acrylic canvases, where, as mentioned, the muses face daily reality—wearing high heels in the jungle. Dangerous, yet glamorous.
I feel this journey has given me the opportunity to leave behind the comfort zone I had been working in—focused on the domestic and constructed spaces—to step into disguise, mockery, and satire within a freer, more chaotic environment, full of compositional possibilities of color and form that I truly enjoyed. And of course, one I will continue to pursue as a new series. This jungle still has many corners and stories yet to be discovered.
ESPAÑOL
La Asociation Noemi Espace - Brownstone en el céntrico barrio de Le Marais en París ha sido mi estudio de arte para la creación de una serie de cuadros inspirados en 3 exposiciones de artistas (a los que admiro profundamente) que he tenido el placer de visitar durante mi estancia:
1) David Hockney en la fundación Louis Vuitton. Definitivamente para mí una explosión de color y composición. Su manera de entender el paisaje, fragmentarlo, saturarlo, descomponerlo para crear inmensos polípticos de 14 metros y su diseño de escenografías para la Ópera, mostrado en una instalación inmersiva en movimiento fue sobre cogedor (no seré yo quien admita que tuvo que retener una que otra lágrima).
Con esa visita tuve claro una afirmación rotunda, nunca más volvería a tenerle miedo al color. Más es más siempre. Si tienes la corazonada de que el tronco de ese árbol debe ir en rosa fucsia, sea pues. Sin miedo al éxito.

2) Niki de Saint Phalle en el Grand Palais. Niki para mí representa la fuerza y la resiliencia. Como de un trauma, o varios, pueden florecer cosas maravillosas.
Una mujer que no estudió arte y aún así el arte para ella fue su terapia, su escapada y su salvación. No le tuvo miedo al gran formato, a la escultura monumental, al color, a la sensualidad, la sexualidad.
Sus Nanas son unas musas danzantes que representaban para ella la fertilidad y la libertad y que le acompañaron durante su camino casi como guías espirituales de una religión propia, tenerlas en frente me hizo plantearme:
Quiénes son mis Nanas, cómo son, dónde habitan, qué mensaje quieren trasmitirme a mí y al mundo. ¿No es algo que deberíamos cuestionarnos todos en algún momento de nuestra vida, seamos o no creadores artísticos?

3)Monet. Primero visitando su casa en el pueblo de Giverny. Una excursión muy bonita en la que alquilas una bicicleta en el pueblo para ir hasta su casa a 20 minutos pedaleando y poder pasear por sus inmensos jardines vivos (que tienen más de 100 años de historia) ver sus nenúfares en en directo, cruzar el puente que tantas veces fue protagonista de sus lienzos... Y días después poder ver sus 2 salas con 8 cuadros inmensos representando esos paisajes de su jardín y su lago de más de 4 metros de largo en el museo de l'Orangerie.
La reflexión con Monet fue vital, es el perseguir un sueño en su máximo exponente. Él se dijo: Quiero y voy a habitar mis lienzos. Construyendo un jardín que sea el protagonista y la inspiración de todos ellos. Componiendo yo mismo sus colores, sus formas, sus dimensiones. Ya no dependeré del azar del paisaje ajeno, yo seré el creador y representante absoluto del mío.
Wow.
Después de procesar la visita solo te queda pedalear de vuelta por el campo con la cabeza en las nubes.
Me planteé qué paisaje me gustaría construir a mí como artista, cuál sería mi bosque personal, mi selva, mi jungla, mis flores, mis árboles... Como proyecto inmersivo vital considero reconfortante tener un bosque gestado por ti, que sientas como una casa a la que poder volver siempre que lo necesites pero en donde de entre la maleza dúctil crezcan flores y criaturas que desconocías... Buenas y no tan buenas ¿No es esa la vida, no es esa la definición de proceso de trabajo?

Una vez en el studio, con todas estas 3 cuestiones en la cabeza: Color, musas y bosques frondosos fui haciendo bocetos de ideas y conceptos que me pasaban por la cabeza hasta empapelar una de las paredes donde tenía mi rinconcito de escritorio. Poco a poco todo fue cobrando sentido, como un puzzle orgánico.
A la pregunta: quiénes son mis nanas, quiénes son mis musas en la respuesta no aparecen la fertilidad ni la belleza sutil. Para mí son mujeres fuertes, libres, sin complejos ni tapujos. Lo corpóreo es un medio, no un fin. Son criaturas híbridas que no tienen rostro humano, agenciarles uno sería definir quienes son casi con nombre y apellido, para mí llegan más allá de lo humano, se solapan son flores o con animales. Son seres en sintonía con lo salvaje, que viven y sienten intensamente.
Y ante la otra cuestión: cuál mi bosque. Definitivamente es una selva caótica pero en equilibrio, donde las gamas cromáticas son vibrantes, son luz, son puro color pero tienen un diálogo entre sí a través de la composición, dejando que cada planta tenga presencia y voz propia.
También encontramos frutos abundantes, animales (todas femeninas) como pájaras, serpientes, ranas, lagartas... Que disfrutan de la vida en el bosque sin preocupaciones. Haciendo un guiño a los relatos clásicos del fruto prohibido o el jardín de las delicias. La ausencia de "machos" en este paisaje no es otra que la de ignorar el fin básico reproductivo para vivir desde la espiritualidad este mundo onírico.
Pero, ¿Por qué los tacones en todas ellas? ¿por qué esta fantasía que podría ser el sueño tras una cena copiosa de Almodóvar? Por varias razones. Me gusta habitar lo absurdo, lo cómico. Plantear utopías jocosas. Mujeres con desnudas, con los pechos colganderos y orinando despatarradas pero subidas a unos tacones. Como una suerte de feminidad impuesta, como la representación de la incoherencia y la extravagancia en su máximo exponente.
*De ahí nace días después la idea del políptico: Tacones en la selva. Donde las musas se enfrentan a la realidad del día a día al estar entaconadas en lo peligroso y salvaje del entorno, creando varias situaciones entre lo insólito y lo hilarante.
Esta ha sido una aventura corta pero intensa e inolvidable. Toda la investigación y producción se ha realizado solo en el transcurso de 20 días, dando como resultado 3 obras:
La selva de las delicias. Un gran óleo y acrílico sobre lienzo de 2,15 x 2,73 metros donde está representado este bosque colorido habitado por las musas híbridas.
Selvatic love. Un cuadro de acrílico y óleo sobre lienzo 1,21 x 1,52 metros que representa la utopía de una amistad verdadera entre una cebra y una leoparda en la selva.
Tacones en la selva. Un político de 8 piezas de acrílico y óleo sobre lienzo donde como ya comentamos, las musas se enfrentan a la realidad del día a día de estar entaconadas en la selva. Peligroso pero glamuroso.
Siento que este viaje me ha dado la oportunidad de salir de la zona de confort que venía trabajando, en donde habitaba lo doméstico y espacios construídos para adentrar el disfraz, la burla, la sátira en un entorno más caótico y libre pero con muchas posibilidades de composición de color y forma que he disfrutado mucho. Y que por supuesto seguiré trabajando como nueva serie. Esta selva aún tiene muchos rincones e historias por descubrir.









Comentarios